La rébellion du M23, groupe armé soutenu par le Rwanda, continue de gagner du terrain dans l'est de la République démocratique du Congo. Elle s'est emparée samedi de la ville-clé de Masisi, à environ 80 kilomètres à l'ouest de Goma.
Au terme de trois jours de violents affrontements avec l'armée congolaise et les milices locales wazalendo dans le territoire de Masisi, au Nord-Kivu, les rebelles du M23 se sont emparés du chef-lieu de la région, samedi 4 janvier. La chute de cette ville-clé située à environ 80 kilomètres à l'ouest de Goma a conduit à un déplacement massif de population. Les combats ont cependant repris, ce dimanche 5 janvier.
Alexis Bahunga, député de la province du Nord-Kivu : « C'est avec consternation que nous apprenons la prise de Masisi centre par le M23 ... Nous demandons au gouvernement (...) des mesures visant la restauration de l'autorité de l'Etat sur l'ensemble du territoire plongé
dans une crise humanitaire grave ».
Dieudonné Mirimo Mahibdule, un habitant de Masisi : « Les rebelles avaient pris la ville vers 14 h locales (12 h GMT). Ils ont tenu un meeting ici à la paroisse, ils nous ont dit qu'ils sont venus libérer le pays »
Telesphore Mitondeke, rapporteur de la société civile congolaise : « Une part importante de la population s'est enfuie dans diverses directions. Certains ont même pris la direction de l'agglomération de Walikalé ... Il s'agit, quoi qu'il en soit, d'un coup fatal pour la République parce que Masisi, c'est un chef-lieu de territoire. »
Depuis novembre 2021, la rébellion du M23 "Mouvement du 23 mars" s’est emparée de vastes pans de territoire dans l’est de la RDC, riche en ressources naturelles et déchiré depuis 30 ans par des conflits. Fin décembre, la rébellion a continué de gagner du terrain dans la partie nord du Nord-Kivu, parvenant à une cinquantaine de kilomètres de Lubero, chef-lieu du territoire, et à une centaine de kilomètres de la ville de Butembo, important carrefour commercial de la région. La prise de Masisi par le M23 fait maintenant craindre à beaucoup une catastrophe humanitaire. Si l'armée congolaise n'a pas encore réagi à la chute de Masisi, les rebelles du M23 n'ont, eux, pas tardé à revendiquer la prise de la ville sur leur compte X.
En décembre dernier, une tentative de dialogue, entre le président congolais Félix Tshisekedi et le rwandais, Paul Kagame, dont le pays est accusé de soutenir le M23, a été finalement annulée. Initié par le chef de l’état Joao Lourenco, médiateur désigné par l’Union Africaine, ce sommet aurait dû conduire à la signature d’un accord pour le rétablissement de la paix et la stabilité dans l’est de la RDC. Les parties n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur les termes.
PHOTO : Des rebelles du M23 à Kibumba, dans l’est de la RDC, le 23 décembre 2022. © GLODY MURHABAZI / AFP
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