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NIGER : À NIAMEY, LA JUNTE DÉBAPTISE DES RUES ET MONUMENTS AUX NOMS FRANÇAIS


Depuis son coup d’Etat en juillet 2023, le gouvernement  du Niger a tourné le dos à la France, ancienne puissance coloniale


Au pas de charge, sur fond de musique militaire, plusieurs cadres du régime ont arpenté les artères de la capitale pour inaugurer les nouveaux noms. La place de la Francophonie est devenue place de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), du nom de la confédération créée en 2023 avec le Mali et le Burkina Faso, deux voisins également dirigés par des militaires putschistes qui ont tourné le dos à la France. Quelques centaines de mètres plus loin, le monument dédié aux morts des deux Guerres mondiales devient Bubandey Batama (" A nos morts" en langue djerma) et rend désormais "hommage à toutes les victimes civiles et militaires de la colonisation à nos jours".


Le colonel-major Abdramane Amadou, ministre de la Jeunesse et porte-parole du gouvernement : « La plupart de nos avenues, boulevards, rues, portent des noms qui rappellent tout simplement les souffranes et les brimades subies par notre peuple par l’épreuve de la colonisation … Cette avenue qui portait le nom du général Charles de Gaulle est désormais baptisée avenue Djibo Bakary »


Adourahamane Oumarou, président de la branche Niger de l’ONG Urgence panafricaniste : « Ça n’a pas de sens que nos rues continuent de porter les noms d’anciens colons (…), et donc c’est justice qui est en train d’être rendue en rebaptisant ces rues, en mettant des noms des héros de notre pays. »


Le général Assoumane Abdou Harouna, le gouverneur de Niamey : « Désormais nous allons faire honneur à nos ancêtres »


Mardi à Niamey, un monument a même été totalement refait : le portrait du commandant et explorateur français Parfait-Louis Monteil, gravé depuis des décennies dans un monument en pierre, est remplacé par une plaque à l’effigie de Thomas Sankara. L’ex-président du Burkina Faso voisin, tué dans un coup d’Etat en 1987.


Le régime nigérien franchit ainsi une nouvelle étape dans la rupture avec la France, entamée depuis le coup d’Etat qui l’a porté au pouvoir le 26 juillet 2023. Les militaires français engagés dans la lutte antijihadiste ont été chassés, l’ambassadeur expulsé et le centre culturel franco-nigérien a cessé de fonctionner en tant qu’établissement binational et a été renommé  "Moustapha Alassane", du nom d’un cinéaste nigérien. Le régime qui fait de sa souveraineté un pilier de sa politique accuse fréquemment Paris de vouloir le déstabiliser.


PHOTO: Dévoilement de la nouvelle plaque de l’ancienne avenue du Général-Charles-de-Gaulle, rebaptisée avenue Djibo-Bakary, du nom de la personnalité politique nigérienne (1922-1998), à Niamey, le 15 octobre 2024. BOUREIMA HAMA / AFP

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