top of page

La Libye suspend dix ONG internationales accusées d’activités « hostiles »


La Libye a annoncé mercredi 2 avril la fermeture des sièges de dix organisations humanitaires internationales et la suspension de leurs activités, les accusant de menées "hostiles" et de vouloir "installer des migrants" d’Afrique subsaharienne sur son territoire.


L’annonce a été faite mercredi soir lors d’une conférence de presse du ministère de l'Intérieur. Il est reproché à ces ONG de promouvoir des valeurs contraires à celles de la Libye. Cette déclaration intervient alors qu’au moins six organisations humanitaires internationales implantées en Libye ont été contraintes de suspendre leurs activités et leur personnel a été menacé ou forcé de démissionner. Pour justifier la fermeture des bureaux d’une dizaine d’ONG internationales, les autorités libyennes ont accusés ces ONG de mener, sous couvert d’action humanitaire, des activités qui portent atteinte à l’intégrité de l’État et à la sécurité intérieure. Il leur est notamment reproché de promouvoir l’athéisme, la chrétienté, l’homosexualité et la décadence morale. Mais surtout, les autorités libyennes les accusent, à travers leur programme d’aide aux migrants, de favoriser l’installation de migrants d’origine africaine en Libye.


Salem Gheith, porte-parole de l’Agence de sécurité intérieure (ASI) : « Le projet d’installation de migrants d’origine africaine en Libye est vu comme une action hostile visant à modifier la composition démographique du pays et menace la société libyenne ... Ces organisations ont apporté un soutien à des migrants illégaux en leur fournissant de la nourriture, des vêtements, des médicaments, ce qui encourageait ces migrants à considérer la Libye comme une destination finale et non un pays de transit ... des actions hostiles portant atteinte à l’intégrité de l’État et à sa sécurité intérieure ... Ce projet n’est pas nouveau, l’Union européenne [UE] avait tenté [la même chose] avec l’ancien régime, via l’Italie ».


David Yambio, fondateur de Refugees in Libya : « Aujourd’hui, il y a des milliers de Soudanais qui ont fui la guerre dans leur pays et qui sont coincés dans le sud de la Libye, ou sur la côte, près de Tripoli. Leur vie est très difficile, ils n’ont rien ni personnes vers qui se tourner pour demander de l’aide. Ce sont des gens qui ont été victimes de trafic humain, qui ont survécu dans des camps de détention. Ils ont besoin de son et ils ne peuvent pas obtenir les obtenir dans des hôpitaux publics libyens. »


Une lettre envoyée par une vingtaine d’ambassadeurs aux autorités : « Entre le 13 et le 27 mars, l’Agence de sécurité intérieure (ASI) a convoqué au moins 18 membres du personnel de six ONG internationales ... une campagne de répression contre les ONG internationales et les travailleurs humanitaires ».


Parmi les ONG concernées, il a cité le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), Médecins sans frontières, l’organisation française Terre des hommes et l’italienne Cesvi. Les autorités ont également sanctionné International Medical Corps (IMC), International Rescue Committee (IRC), ainsi que le Conseil pour les réfugiés danois (DRC), a détaillé à l’AFP une source proche du dossier. Le porte-parole s’en est pris aussi au Haut-Commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR), l’accusant d’implication dans des "activités illégales" qui seront, selon lui, sanctionnées par le ministère des affaires étrangères. Toutes les ONG sont accusées de "trafic" de migrants et de "blanchiment d’argent" sous couvert d’action humanitaire, selon M. Gheith. Les bureaux de ces ONG en Libye sont d’ores-et-déjà fermés et leurs activités suspendues. Une décision des autorités libyennes qui inquiète les acteurs humanitaires car le pays accueille actuellement plus 85 000 réfugiés, selon le HCR. Et ces migrants dépendent largement de ces organisations internationales. Médecins sans frontières, présente en Libye depuis 14 ans, affirme que sa mission est strictement humanitaire, visant à fournir des soins médicaux aux personnes vulnérables. L'ONG insiste sur sa coopération continue avec les autorités libyennes et son enregistrement officiel dans le pays. Cette décision des autorités libyennes fait craindre des risques sécuritaires pour les exilés présents en Libye, souvent victimes de violences physiques ou sexuelles, esclavages, torture ou travail forcé.


Plusieurs rapports de l’ONU ou d’organisations internationales ont dénoncé ces derniers mois les arrestations arbitraires de journalistes, d’avocats, de magistrats et d’opposants et des exactions contre des migrants, avec la découverte de fosses communes.


PHOTO : reuteurs

Commentaires


bottom of page