
La France perd cinq places dans le classement mondial de l’Indice de Perception de la Corruption établi chaque année par Transparency International. Le constat de l’ONG est sans appel : la France risque de perdre le contrôle de la corruption.
En 20e position l’année dernière, la France vient d’être rétrogradée à une 25e place inquiétante (sur 180) dans le classement annuel de l’ONG Transparency International, qui dévoile chaque année son Indice de Perception de la Corruption (IPC).Dévoilé ce mardi 11 février, ce classement mondial de l’ONG n’est clairement pas à l’avantage de la France, qui perd donc cinq places en 2024 avec un score de 67/100. Pire encore, Transparency International évoque une "dégradation alarmante et inédite de la situation française" en matière de corruption.
Florent Clouet, délégué général de la section française de TI : « Une absence de volonté, tous bords politiques confondus, de lutter contre les atteintes à la probité ... (Emmanuel Macron )Il avait ouvert son premier quinquennat en faisant de la moralisation de la vie publique une de ses priorités ; sept ans plus tard, le constat est amer ... Une porosité croissante et dangereuse entre les sphères publiques et privées, au détriment de l’intérêt général »
La perception de la corruption en France découle en partie de la représentation des Français vis-à-vis des décideurs politiques. En décembre 2023, déjà, TI-France, en lien avec la Fondation Jean Jaurès, réalisait un sondage révélant l’ancrage d’un sentiment de défiance à l’égard du personnel politique. Il semble s’être amplifié durant l’année 2024 sous l’effet de trois dynamiques. En premier lieu, plusieurs scandales majeurs impliquant des figures politiques et des partis nationaux (affaire des attachés parlementaires du RN, affaire Bygmalion… ) ont occupé le premier plan médiatique. Par ailleurs, au cours des derniers mois, l’exécutif paraît avoir définitivement renoncé aux promesses de 2017 concernant la construction d’une République exemplaire. Le maintien de Ministres mis en examen dans leurs fonctions, la remise en question des règles de non-cumul des mandats… sont autant d’initiatives susceptibles d’avoir alimenté la perte de confiance vis-à-vis du personnel politique. Enfin, cette dégradation de la relation aux décideurs provient aussi de l’instabilité politique qui a marquée l’année 2024. Les manœuvres politiques, les négociations en coulisse … ont contribué à une défiance accrue vis-à-vis des institutions en charge de préserver l’intérêt général contre les intérêts particuliers.
Pour renverser la vapeur, l’ONG spécialisée dans la lutte contre la corruption préconise notamment "d’obliger les parlementaires, les membres de l’exécutif et leurs conseillers à rendre publics leurs rendez-vous avec les groupes d’intérêt". De "mettre en place un contrôle continu des comptes de campagne" et d’"étendre les pouvoirs de contrôle de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques". Transparency International plaide aussi pour un "renforcement des moyens du Parquet National Financier" à l’heure de "l’absence de volonté, tous bords politiques confondus, depuis plusieurs années, de lutter efficacement contre les atteintes à la probité". L’ONG en appelle donc au gouvernement français actuel, qui lui seul peut répondre à cette crise en prenant rapidement des "mesures transpartisanes dans la lutte contre la corruption et les atteintes à la probité".
PHOTO : TRANSPARENCY INTERNATIONAL
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