Cette convocation de M. Romatet, qui a eu lieu jeudi 12 décembre (mais n’a été rendue publique que dimanche) sur fond d’accusations aussi graves, illustre la profondeur de la crise bilatérale ouverte par le revirement pro-marocain de Paris sur le dossier du Sahara occidental.
Dimanche matin, plusieurs médias algériens, dont le journal gouvernemental “El Moudjahid”, ont annoncé que le ministère algérien des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur de France à Alger, Stéphane Romatet pour lui signifier la ferme réprobation des plus hautes autorités face aux nombreuses provocations et actes hostiles français en direction de l'Algérie .
Jean-Noël Barrot, le ministre français des Affaires étrangères : « Ce sont des accusations infondées et fantaisistes … Je confirme cette convocation et je la regrette … J'ai appelé notre ambassadeur au téléphone pour lui assurer notre soutien ».
Le Soir d’Algérie : « L’Algérie a tenu de vive voix à désigner clairement l’origine de ces actes malveillants : la DGSE française (Direction générale de la sécurité extérieure). L’agence de renseignement aurait mené un certain nombre d’opérations et de manœuvres agressives ciblant des institutions de la République algérienne dans le but évident de les déstabiliser et de nuire gravement à notre pays. »
El Moudjahid : « La convocation de Stéphane Romatet sonne comme une sévère mise en garde, qui intervient au lendemain de graves révélations sur l’implication (de la) DGSE, dans une campagne de recrutement d’anciens terroristes en Algérie à des fins de déstabilisation du pays »
Déjà fragilisée par le rééquilibrage de l’été vers le Maroc de sa diplomatie au Maghreb. La relation entre Paris et Alger s’est dégradée en novembre au rythme d’incidents en cascade. Ainsi des controverses autour du prix Goncourt décerné au romancier Kamel Daoud pour son ouvrage Houris, puis de l’arrestation d’un écrivain franco-algérien, Boualem Sansal, le 16 novembre, pour ses propos tenus sur la frontière entre l’Algérie et le Maroc relevant, selon la justice algérienne, d’une atteinte à l’intégrité du territoire national.
Alger et Paris traversent, depuis le 30 juillet 2024, une nouvelle zone de turbulence. Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a décidé de retirer avec effet immédiat l’ambassadeur d’Algérie en France en guise de contestation contre le soutien d’Emmanuel Macron au plan marocain d’autonomie du Sahara occidental. Devant effectuer une visite à Paris fin septembre dernier, le chef de l’État algérien a finalement annulé le déplacement.
PHOTO : Stéphane Romatet, alors ambassadeur de France en Égypte, le 13 avril 2019 à la nécropole de Saqqarah, au sud du Caire. - Mohamed el-Shahed / AFP
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